Quarante ans après sa première apparition sur la Croisette, Juliette Binoche, icône du cinéma français et international, présidera le jury du 78e Festival de Cannes qui se tiendra du 13 au 24 mai.
La Presse — La célèbre actrice française, au talent authentique et intense,a su conquérir le public et la critique grâce une multitude de rôles dans plus de 70 films. Elle a travaillé sous la direction des plus grands noms du cinéma mondial,tels Jean-Luc Godard, Michael Haneke (Autriche), David Cronenbergou, Abel Ferrara (États-Unis), Olivier Assayas, Leos Carax ou Claire Denis (France), Naomi Kawase ou HirokazuKore-eda (Japon), Krzysztof Kieślowski (Pologne), Hou Hsiao-hsien (Taïwan).
Son premier grand rôle, dans « Rendez-vous » d’André Téchiné, la propulse sur La Croisette en 1985. D’ailleurs elle l’a souvent répété : « Je suis née au Festival de Cannes ». Depuis, elle est devenue une star internationale, auréolée des plus prestigieuses récompenses. En 1997, elle a remporté trois distinctions majeures : l’Oscar, l’Ours d’argent (Berlinale) et le Bafta de la meilleure actrice pour un second rôle dans « Le Patient Anglais » d’Anthony Minghella, ce qui a marqué le début de sa carrière internationale.
Elle a, également, obtenu le César et un prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans « Copie Conforme » de l’immense cinéaste iranien Abbas Kiarostami et enfin la Coupe Volpi de la meilleure actrice dans « Trois couleurs : Bleu » de Kieslowski à la Mostra de Venise. Avec l’actrice américaine Julianne Moore, Juliette Binoche est la seule à avoir reçu un prix d’interprétation dans les trois plus grands festivals du monde. Elle détient, également, le record du plus grand nombre de nominations pour le César de la meilleure actrice, avec un total de onze. Toutes ces distinctions sont le fruit de son approche de l’art du jeu : « elle ne recherche pas la virtuosité mais préfère se fier à l’émotion », sans doute encouragée, comme le souligne Louis Malle après «Fatale», par « l’histoire d’amour entre elle et la caméra », elle a cette liberté et ce courage de se renouveler sans cesse. Son jeu va de l’épure dans « Camille Claudel 1915 » de Bruno Dumont au burlesque dans « Ma Loute » du même réalisateur. Ce qui explique, sans nul doute, la diversité de son art et de son interprétation.
« Un rôle honorifique »
Ainsi, Juliette Binoche succèdera, en tant que présidente de jury, à la réalisatrice américaine Greta Gerwig.Ce sera la deuxième fois dans l’histoire du Festival, que deux artistes féminines se transmettront ce prestigieux flambeau. L’actrice, dont neuf de ses films ont été présentés en sélection officielle, a accueilli cette mission avec enthousiasme, en exprimant dans un communiqué : « J’attends avec impatience le partage de ces moments de vie avec les membres du jury et le public. En 1985, je montais les marches pour la première fois avec l’enthousiasme et l’incertitude d’une jeune actrice. Je n’imaginais pas revenir, quarante ans après, dans ce rôle honorifique de présidente du jury. J’en pèse le privilège, la responsabilité et la nécessité absolue d’humilité ».
En attendant l’annonce officielle des films en compétition, prévue pour la mi-avril, le 78e Festival de Cannes se prépare à accueillir une nouvelle édition,nous l’espérons, riche en émotions et en découvertes cinématographiques.